La Slovaquie résistera-elle?

La dernière fois que ces deux voisins rivaux ont croisé le fer au Mondial junior, le 31 décembre 2013, les Tchèques ont défait les Slovaques 4-1. Photo : François Laplante / HHOF-IIHF Images

Les nations sœurs ravivent le lustre d’antan

Alors qu’un quart de finale République tchèque-Slovaquie se précise, certains oublieront que ces nations ont souvent été médaillées à des événements de l’IIHF.

Les deux moitiés de l’ex-Tchécoslovaquie n’ont rien remporté depuis des années au Mondial junior. La dernière médaille obtenue par la République tchèque était en bronze à Grand Forks, au Dakota du Nord en 2005. Les Slovaques ont quant à eux touché leur dernière médaille – également en bronze — aux M20 en 1999 à Winnipeg au Manitoba.

Si vous deviez préciser la période de l’âge d’or du hockey pour la Slovaquie et la République tchèque, vous devriez vous reporter à l’après-guerre froide des années 1996 à 2003.

L’ultime exploit de la République tchèque au hockey a été de remporter la médaille d’or aux Jeux olympiques d’hiver de 1998 à Nagano au Japon (premiers jeux ayant eu une participation de joueurs de la LNH). Les Tchèques ont aussi réussi à capturer une médaille à tous les Championnats mondiaux de l’IIHF auxquels ils ont participé de 1996 à 2001, dont une séquence ininterrompue de trois médailles d’or à la fin. Pratiquant un jeu défensif vraiment hermétique sous la direction de l’entraîneur Jaroslav Holik, les équipes du Mondial junior d’alors ont raflé les titres en 2000 et 2001.

La Slovaquie, après avoir entamé sa participation au hockey d’élite au Mondial en 1996, a réussi à remporter la médaille d’argent en 2000 (perdant aux mains des Tchèques), l’or en 2002 (défaisant les Russes à Gothenburg), et le bronze en 2003 (surmontant leurs frères tchèques à Helsinki).

Le puits de talent s’est toutefois tari pour chacune de ces nations au cours des dernières années. La chute du communisme a certainement profité à l’ex-Tchécoslovaquie en matière de liberté, de démocratie et de respect des droits de la personne; mais la cure minceur ou carrément la dissolution des écoles de sport de l’État a fait mal à leurs programmes de hockey. Plusieurs familles n’ont simplement pas les moyens de payer les coûts associés à l’équipement et à l’entraînement; et le développement des joueurs représente aujourd’hui un tour de force continuel pour les fédérations.

Il n’y a donc pas beaucoup d’espoir de voir surgir à l’horizon de futurs Jaromir Jagr, Zdeno Chara ou Dominik Hasek. S’il y a une lueur d’espoir, elle peut surgir de la médaille d’argent remportée au Championnat mondial des M18 2014 de l’IIHF sous la direction de l’entraîneur Jakub Petr. Mais, un tel effet d’entraînement est peu susceptible d’être suffisant pour faire remonter les Tchèques sur le podium ici même au Canada.

Pour ce quart de finale, les Tchèques se présentent ragaillardis de leur victoire de 4-1 sur les énigmatiques Russes le 31 décembre, leur procurant la deuxième place au sein du groupe B. Plusieurs des médaillés des M18 contribuent à l’effort, dont le meilleur pointeur de l’équipe David Pastrnak des Bruins de Boston (1-6-7) et Jakub Vrana de Linkoping (2-1-3). La faiblesse de la défensive et un travail inégal devant le but constituent toutefois le tendon d’Achille des troupes de l’entraîneur Miroslav Prerost. Ils ont consenti 14 buts, la deuxième pire fiche du tournoi, avec un pourcentage de buts alloués de 84,9.

Les Slovaques disposent de moins de puissance de feu que les Tchèques. Mais leur capitaine Martin Reway (3-2-5) a tout de même réussi un tour du chapeau lors du gain de 5-2 des siens sur l’Allemagne, classant son équipe au sein de la huitaine finale. Son coéquipier de trio Peter Cehlarik (1-1-2) a aussi connu de bons moments. Le gardien de but Denis Godla, qui en est à ses balbutiements au Mondial, a gagné le cœur de l’assistance du Centre Bell avec ses spectaculaires arrêts acrobatiques; il affiche un pourcentage de buts alloués de 91,9 malgré une moyenne de buts contre de 3,12, un exploit très respectable.

Historiquement, les Tchèques ont l’avantage psychologique sur leurs « petits frères ». Ils ont remporté sept matchs consécutifs contre la Slovaquie, cette marque remontant au tournoi de 2014.

Mais les Slovaques devraient réaliser qu’ils ont fait preuve de plus de constance que les Tchèques d’un match à l’autre contre leurs rivaux depuis leur cuisant revers de 8-0 en lever de rideau contre le Canada. Ils ont trimé dur au cours de leur victoire de 2-1 sur la Finlande et lors de leur défaite de 3-0 aux mains des États-Unis. Ils peuvent s’enorgueillir de ces rencontres.

Bien sûr, les Tchèques viennent tout juste de défaire les Russes, mais ils n’ont pas nécessairement brillé lors de leur défaite de 5-2 contre les Suédois ni contre les Suisses, et ils ont dû recourir à la prolongation pour vaincre le Danemark 4-3, cette nouvelle venue au championnat. De plus, ils ont eu de la difficulté à rester hors du banc des pénalités.

Le résultat du match de fin de journée de vendredi au Centre Bell déterminera laquelle de ces nations retournera à nouveau chez elle les mains vides et quelle autre se taillera une place dans le carré d’as. Cette présence slave au sein de la bande des quatre serait toutefois une première depuis le conte de fées slovaque de 2009 à Ottawa au cours duquel cette formation s’était classée quatrième.

À moins d’une défaite improbable du Canada aux mains du Danemark, le parcours vers l’or tant pour la République tchèque que pour la Slovaquie se terminera probablement en demi-finale contre leurs hôtes. Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Le moment le moins bien choisi pour faire des prédictions est certainement celui du quart de finale.

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