Le Canada est-il favori?

Le Canada jouera contre la Russie pour la première fois au Mondial junior depuis le match pour la médaille de bronze de l’année passée. Photo : André Ringuette / HHOF-IIHF Images

Bonne foule à domicile, mais la Russie joue bien

Durant une bonne partie de la ronde préliminaire, la Russie semblait jouer juste assez bien pour ne pas prendre part à la ronde de relégation.

Et certainement pas assez bien pour se rendre au-delà des quarts de finale.

Aujourd’hui, l’équipe joue pour l’or et nous impressionne de différentes façons, mais elle jouera contre l’équipe hôte, l’équipe dont la fiche est de 6-0-0 et les buts pour/contre 34-5, l’équipe qui n’a pas gagné l’or depuis 2009. On peut s’attendre à un autre affrontement classique d’une rivalité qui a commencé en 1954 et qui fait figure de proue du hockey international depuis.

Commençons tout d’abord par l’histoire récente. Bien sûr, l’an dernier, la Russie a battu le Canada 6 5 au cours du match pour la médaille de bronze, match qui est traditionnellement plus difficile pour les Canadiens que pour toute autre nation puisque l’on s’attend toujours de lui qu’il remporte l’or.

La dernière fois que les M20 ont eu lieu au Canada, à Calgary et Edmonton en 2012, les Russes ont battu le Canada 6-5 en demi-finale. Rappelons-nous que durant ce match, les Russes menaient 6-1 quand le Canada a fait une remontée pour porter la marque à 6-5, puis a frappé le poteau en fin de troisième période. La remontée a été remarquable, certes, mais le match s’est quand même révélé une terrible défaite.

L’année précédente, à Buffalo (pour les Canadiens, c’était comme si le tournoi avait lieu à domicile, c’est certain), les Canadiens menaient 3-0 après deux périodes, mais ont perdu tout contrôle par la suite et ont enfin été défaits 5-3 au match pour la médaille d’or.

En 2010, le Canada a perdu 6-5 face aux États-Unis au match pour la médaille d’or et en 2009, à Ottawa, le Canada a battu la Russie 6-5 grâce aux exploits de Jordan Eberle. Le Canada a défait la Russie pour l’or en 2006, 5-0, et 6-1 l’année précédente, à Grand Forks, autre match considéré à domicile pour les Canadiens. Et bien sûr, en 2003 à Halifax, Alexander Ovechkin et compagnie ont battu le Canada 3-2.

En effet, la Russie a gagné la médaille d’or quatre fois depuis 1999, dont trois fois au Canada ou devant une foule à prédominance canadienne – 1999 à Winnipeg, 2002 en République tchèque, 2003 à Halifax et 2011 à Buffalo.

Le Canada accueille le Mondial junior pour la 11e fois cette année et la Russie n’a pas remporté de médaille en sol canadien qu’à une seule occasion, c’est-à-dire en 2010 à Saskatoon. Pour sa part, le Canada n’a jamais manqué de gagner une médaille à domicile, série qui se poursuivra évidemment aujourd’hui.

En bref, malgré les remarquables partisans au Air Canada Centre, le lieu où se joue le match n’est pas susceptible de favoriser les Canadiens autant que l’on pourrait le croire.

Mais aujourd’hui, où se trouve la différence entre l’or et l’argent, entre la victoire et la défaite, entre les larmes de joie et les larmes de désespoir?

Les gardiens de but. Hier, plusieurs joueurs suédois ont parlé d’Igor Shestyorkin en termes pas très flatteurs. Ils l’ont qualifié de faible et de gardien qui accorde trop de rebonds. Pour sa part, Zach Fucale a été solide comme du roc, mais il n’a pas été spectaculaire parce que la défensive a tellement bien joué qu’il n’a pas eu l’occasion de s’illustrer. Hier par contre, il a été au sommet de sa forme. Le Canada semble avoir l’avantage à ce titre.

La défensive. Aucune des deux équipes n’a beaucoup attaqué depuis la ligne bleue. Les défenseurs canadiens ont marqué trois buts et les défenseurs russes, deux. Les Canadiens n’ont accordé que cinq buts et les Russes, 12, mais c’est que la défense s’est jouée en équipe plutôt qu’avec une supervedette en tête des patrouilleurs.

L’offensive. Le Canada dispose sans équivoque d’une offensive supérieure : elle a marqué 34 buts comparativement aux 20 de la Russie. Il compte aussi plusieurs joueurs qui se sont démarqués, notamment Connor McDavid, Sam Reinhart, Nic Petan et Curtis Lazar. On doit 40 points à ces quatre joueurs, mais chacun des trios a fait sa contribution. L’entraîneur Benoît Groulx n’a fait qu’un seul changement en demi-finale hier lorsqu’il a jumelé McDavid et Petan au sein du même trio.

« C’était un trio dominant », a-t-il clamé après le match, sans promettre de le laisser ensemble pour le match de la médaille d’or. Mais ne vous méprenez pas, il le fera. Les joueurs ont été trop bons ensemble pour ne plus jouer ensemble.

L’offensive russe est beaucoup plus répartie, bien qu’Alexander Sharov (quatre) et Vyacheslav Leshenko (trois) soient en tête des buteurs. L’équipe ne compte pas d’avant explosif qui pourrait donner le ton à un match et servir de facteur intimidant.

Les unités spéciales. Le Canada a marqué pendant presque la moitié de ses avantages numériques, tandis que les Russes n’ont réussi qu’à moins du tiers des occasions. Le Canada n’a aussi concédé qu’un but en désavantage numérique comparativement aux cinq de la Russie, ce qui donne de nouveau l’avantage aux Canadiens. Mais pis encore, la Russie a cumulé presque le double de minutes de punition que le Canada (91-52), donc la discipline jouera aussi son rôle.

Comme le sait toute personne qui regarde les Russes, ils peuvent être menaçants lorsqu’ils déplacent la rondelle de façon désintéressée et ils sont beaucoup plus faciles à affronter quand ils jouent de façon individuelle, quand chacun des joueurs tente de remonter la patinoire sans l’aide de ses coéquipiers, une attaque après l’autre, une présence après l’autre.

Depuis que l’IIHF a mis en place le format des éliminatoires il y a exactement 20 ans, ces deux nations se sont affrontées à neuf reprises au match pour la médaille d’or, de loin les adversaires les plus fréquents. Les nations se connaissent bien, et les joueurs du match d’aujourd’hui écriront un autre chapitre de la longue histoire de cette rivalité.

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