Les Russes avanceront-ils?

La Russie (ici : Ivan Fishenko) et la Suède (ici : Christoffer Ehn) ont joué un match serré en ronde préliminaire. Photo : André Ringuette / HHOF-IIHF Images

Techniquement, mieux vaudrait miser sur la Suède

L’affrontement Suède-Russie, en éliminatoire, fait maintenant partie de la tradition au Mondial junior... ce que les Suédois aiment bien ces temps-ci.

Les deux puissances nordiques se sont affrontées à l’occasion de trois des quatre dernières rondes de demi-finale (2011, 2013, 2014) et la Suède a remporté les deux dernières. En 2011, le Russe Denis Golubev a marqué le but gagnant du match qui s’est terminé 4-3 par des tirs de barrage, à Buffalo, tandis qu’en 2013, le Suédois Sebastian Collberg a reproduit l’exploit pour donner la victoire 3-2 à son équipe à Oufa. L’an dernier, à domicile à Malmö, Oskar Sundqvist a déjoué le gardien Andrei Vasilevski avec une superbe feinte en échappée et la Suède a gagné le match 2-1 en temps réglementaire.

Mais bien sûr, la rencontre récente la plus célèbre entre la Suède et la Russie a eu lieu à l’occasion du match pour la médaille d’or de 2012 à Calgary. Le gardien de but Andrei Makarov a offert tout un spectacle alors que les Suédois ont dominé les Russes 58-17 au chapitre des tirs au but. Mais c’est l’attaquant Mika Zibanejad, qui joue désormais pour les Sénateurs d’Ottawa, qui a inscrit son nom dans les livres d’histoire avec son attaque qui a porté la marque à 2-1 en prolongation pour donner à la Suède son premier titre de championne du monde junior en 31 ans.

Donc, les parieurs futés disent que la première demi-finale de dimanche au Air Canada Centre devrait être serrée, mais que l’équipe vêtue de bleu et jaune en sortira très probablement gagnante. (Nous avons déjà eu droit à ce scénario au présent tournoi, quand le but d’Axel Holmstrom au milieu de la troisième période s’est révélé le but gagnant du match 3-2 contre la Russie dans le groupe B.)

Les tendances actuelles indiquent que les Suédois, qui n’ont pas subi de défaite, ont les outils nécessaires pour accéder à leur quatrième match de finale consécutif au Mondial junior, ce qui pourrait se révéler la série active la plus longue parmi les nations M20 d’élite.

Leurs unités spéciales sont en feu. À preuve, leur victoire de 6-3 en quart de finale sur leur grande rivale qu’est la Finlande – généralement reconnue pour sa défensive efficace – comprenait trois buts en avantage numérique. Dans l’ensemble, ils ont marqué 12 buts en 24 supériorités numériques, ce qui représente la moitié de leur nombre de buts total. (Pour la Russie, c’est 6 buts en 20 avantages numériques.) Et la Suède est la seule équipe du tournoi à ne pas avoir accordé un but en désavantage numérique. (La Russie en a laissé passer cinq.)

Les Russes sont traditionnellement reconnus pour leurs habiletés individuelles spectaculaires, mais aucun des joueurs ne se classe parmi les 10 premiers pointeurs. La Suède en compte quatre : Oskar Lindblom (4-5-9, à égalité avec le Canadien Sam Reinhart en lice pour le titre du meilleur pointeur du tournoi), William Nylander (2-7-9), Gustav Forsling (3-5-8, avec deux fois plus de points que le défenseur suivant, Madison Bowey du Canada) et Adrian Kempe (4-3-7).

Et quand il s’agit de jeu d’équipe, la possession de la rondelle jouera un rôle important dans cette demi-finale.

« Ils veulent la rondelle et nous voulons la rondelle », a dit Rikard Gronborg, entraîneur-chef de la Suède pour la deuxième année consécutive. « Nous devons élaborer un plan en vue d’avoir le contrôle sur la rondelle plus souvent qu’eux, puisqu’ils ont une très bonne transition. »

Après leur victoire 3-2 en quart de finale sur les Américains, les Russes flottent sur une vague d’émotions. Sergei Tolchinski des Greyhounds de Sault-Ste-Marie, qui a marqué le but gagnant, a bien résumé ce qu’ils ressentaient durant le match de quart de finale : « Nous étions en famille. Nous avions une équipe. Nous avons joué avec cœur. Nous avons joué en tenant compte de l’urgence de la situation et je crois que cela a été un très bon match pour nous. »

Toutefois, bien que le résultat ait été heureux pour les Russes, les Américains les ont dominés 41-25 au chapitre des tirs au but. Et même si vous préférez sortir les poubelles plutôt que de parler de Corsi, vous ne pouvez écarter l’inégalité relative à la possession de la rondelle. Si le gardien russe Igor Shestyorkin n’avait pas été fabuleux et que les Américains n’avaient pas fait la file pour prendre leur place au banc des punitions comme si un nouveau chapitre de La Guerre des étoiles venait d’apparaître en salle, le résultat aurait pu être différent.

Après le match, le gardien de but américain Thatcher Demko n’a pas mâché ses mots en parlant des Russes : « Je ne pense pas qu’ils aient mieux joué que nous. Nous avons passé l’équivalent d’une période en minutes au banc des punitions. C’est assez difficile quand on ne joue que deux tiers d’un match à forces égales. »

Si les Suédois restent à l’écart du banc des punitions et que leurs adversaires opportunistes ne sont pas en mesure de profiter des jeux de puissance comme ils l’ont fait face aux États-Unis, ce sera difficile pour les Russes de l’emporter.

L’équipe russe a déjà concédé des points qu’elle aurait normalement dû conserver contre le Danemark et la République tchèque – en plus de la défaite dont on a déjà parlé face à la Suède. La régularité n’est pas son point fort.

Maintenant, Tolchinski a donné un peu de perspective à la victoire sur les Américains : « Il s’agissait d’un petit pas vers notre objectif de remporter la médaille d’or. Nous allons continuer de travailler d’arrache-pied et de nous préparer pour le prochain match. »

Mais les Suédois sont maîtres en matière de préparation et de régularité. Ils font partie du carré d’as pour la neuvième année consécutive. Cela n’est pas une erreur. Ils ne prendront pas les Russes à la légère, on peut en être certain.

« Il s’agit d’une équipe très habile, les joueurs sont très robustes et nous devrons nous présenter sur la patinoire avec des attributs identiques », a affirmé Kempe.

À la dernière victoire de la Russie au tournoi en 2011, le parcours s’était fait en dents de scie du début à la fin, avec des descentes horribles et des montées fantastiques, jusqu’à la troisième période de cinq buts qui lui a valu la victoire 5-3 sur le Canada en finale.

On ne peut jamais écarter les Russes. Mais il faut aimer parier pour les choisir face à la Suède, dimanche – à moins que vous ne croyiez que l’exploit de 2011 puisse se répéter. Bien sûr, si vous les choisissez comme équipe favorite et qu’ils gagnent, vous aurez mérité de vous bomber le torse. Du moins, jusqu’à la finale de lundi.

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