Mettre fin à la disette

Chaque nation élite a eu sa carence d’or au CMJ

Lorsque le Canada affrontera la Russie pour l’or lundi, la nation hôte tentera de mettre fin à une de ses plus longues disettes au championnat, soit six ans.

Mais les Canadiens ne sont certainement pas les seuls à avoir vécu une telle situation.

Tournons-nous un peu vers le passé et jetons un coup d’œil sur la durée des intervalles entre les titres – ou menant aux titres – auxquels les nations de l’élite de ce tournoi ont été confrontées.

Canada : 8 ans, de 1997 à 2005

Pendant la période au cours de laquelle l’équipe canadienne, très bien dirigée, a décroché la médaille d’or cinq années consécutives, de 1993 à 1997, cette formation semblait virtuellement invincible, qu’elle présentât des talents comme Chris Pronger, Jarome Iginla ou Paul Kariya, ou des joueurs qui firent carrière plus tard dans la LNH.

Ce rituel annuel de puissance s’est toutefois effondré en 1998 lorsque l’équipe a terminé au huitième rang après une série éprouvante comprenant même une défaite aux mains du Kazakhstan, une équipe secondaire. Les années à venir seraient jalonnées de revers crève-cœurs par un but lors de matchs pour la médaille d’or contre la Russie en 1999, 2002 et 2003 et les États-Unis en 2004.

Mais en 2005, la meilleure équipe junior possiblement de tous les temps à avoir participé au Mondial junior – composée entre autres de Sidney Crosby, Patrice Bergeron, Ryan Getzlaf et d’autres futurs médaillés d’or olympiques – a repris les honneurs pour le Canada avec une fiche parfaite à Grand Forks au Dakota du Nord. Les Canadiens ont écrasé les Russes 6-1 lors du match final.

États-Unis : 27 ans, de 1977 à 2004

Il n’est pas facile d’expliquer pourquoi ce pays si puissant politiquement et économiquement ne remporte pas plus de tournois de hockey. À moins de souligner le fait que ses meilleurs espoirs comme athlètes, et ses citoyens en général, sont davantage préoccupés par le football, le baseball et le basketball.

Les États-Unis n’ont à leur actif que trois médailles d’or au Mondial junior, et jusqu’en 2004, ils sont à peine passés près de la médaille suprême. Même au tournoi de 1989 tenu en Alaska – où des étoiles comme Jeremy Roenick, Mike Modano, John LeClair, Tony Amonte et Bill Guerin portaient le chandail américain – ils ont terminé au cinquième rang.

Hormis leurs médailles de bronze (1986 et 1992), leur point culminant aura été de perdre le match pour la médaille d’or 2-0 aux mains du Canada en 1987, alors que Marc Denis a réussi ce jeu blanc et que Boyd Devereaux a inscrit le but gagnant.

Mais à Helsinki en 2004, les Américains ont finalement eu droit à leur fin de rêve. Ils se sont relevés d’un déficit de 3-1 au dernier tiers du match pour l’emporter 4-3; leur but gagnant est venu du gardien de but canadien Marc-André Fleury qui a malencontreusement bâclé une tentative de dégagement qui a dévié sur le défenseur Braydon Coburn et pénétré dans son propre filet. Le but a été crédité à Patrick O’Sullivan, son deuxième de la rencontre.

Finlande : 16 ans, de 1998 à 2014

Voulez-vous savoir pourquoi quelque 3 000 partisans finlandais extatiques se sont présentés à une célébration publique pour leurs champions du Mondial junior au centre-ville d’Helsinki en janvier de l’an passé? En termes simples, c’est parce que la Finlande ne remporte pas ce tournoi très souvent.

Lorsque les Finlandais ont triomphé en 1987, ils ont profité de la disqualification des Canadiens et des Russes pour s’être bagarrés lors de la tristement célèbre échauffourée survenue à Piestany. Il se passerait encore onze ans avant qu’ils remportent une deuxième médaille d’or, avec Niklas Hagman comptant le but de la victoire contre la Russie en finale à Helsinki.

La Finlande récoltera subséquemment une médaille d’argent (2001) et quatre médailles de bronze (2002, 2003, 2004 et 2006). Mais après que la brillante performance du gardien de but Tuukka Rask leur eut valu presque à elle seule leur médaille de 2006, ils se sont complètement retirés de la sphère de la médaille d’or.

Il était de notoriété publique avant 2014 que le Mondial junior était un concours à quatre disputé entre le Canada, la Russie, les États-Unis et la Suède. Mais le gardien de but Juuse Saros a joué le meilleur match de sa jeune carrière en finale contre la Suède, le pays hôte, effectuant 35 arrêts, puis le défenseur Rasmus Ristolainen a compté le but de la victoire de 3-2 en prolongation pour cette équipe négligée.

République tchèque : 23 ans, de 1977 à 2000

Même grâce à l’aide de leurs compétents frères slovaques de l’ère tchécoslovaque, les Tchèques n’ont jamais réussi à monter sur la plus haute marche du podium au Mondial junior.

Vladimir Ruzicka est un exemple frappant de cette période; il avait été nommé à l’équipe des étoiles à deux reprises, a été le meilleur du tournoi au chapitre des buts, des aides et des points (12-8-10) en 1983, et malgré tout, la Tchécoslovaquie n’a seulement obtenu que la médaille d’argent. En tout et partout, la Tchécoslovaquie a remporté cinq médailles d’argent et six de bronze, alors que la République tchèque indépendante (à partir de 1993) n’a rien récolté jusqu’à l’an 2000.

Le joueur de centre Milan Kraft (5-7-12) a reçu le titre du meilleur avant, mais le système défensif de leur équipe au championnat de l’an 2000 était assez étouffant. Ils ont défait la Russie 1-0 au match pour la médaille d’or disputé à Skelleftea en Suède grâce au but de Libor Pivko marqué en tirs de barrage. C’était la première de deux médailles d’or successives sous la direction de l’entraîneur-chef Jaroslav Holik, le père de Bobby Holik qui a disputé 1 314 matchs dans la LNH.

Russie : 8 ans, de 2003 à 2011

Ce n’est pas comme si la Russie n’avait pas bien joué pendant huit années. Elle n’a simplement pas été productive. Entre 2003 et 2006, ses équipes comprenaient toujours un ou deux futurs champions marqueurs de LNH et étoiles du Championnat mondial (Alexander Ovechkin et Yevgeni Malkin). Les Russes ont remporté trois médailles d’argent (2005, 2006 et 2007) et deux de bronze (2008 et 2009) au cours de cette période.

Il s’agit bien sûr d’un pays qui a toujours convoité l’or au hockey international; en fait depuis ses débuts lorsque l’Union soviétique a remporté l’or au Championnat mondial 1954 de l’IIHF.

La formation russe qui a mis fin à la disette de médailles en 2011 à Buffalo – aussi sous la direction de Valeri Bragin – montrait des ressemblances frappantes avec l’équipe qui sera de la finale cette année.

Les deux équipes ont connu des ratés au cours de la ronde préliminaire n’ayant récolté que deux gains et n’ont dominé leurs rivaux que d’un but en quart de finale. L’équipe russe de 2011 avait aussi défait celle des Suédois en demi-finale avant d’affronter le Canada pour l’or.

Traînant de la patte 3-0 après 40 minutes de jeu devant l’escadron de frappe de l’entraîneur Dave Cameron, les Russes ont explosé au dernier tiers, marquant à cinq reprises et ils ont célébré avec une folle exubérance.

Suède : 31 ans, de 1981 à 2012

Une chose est bizarre concernant la grande disette de la formation Juniorkronorna : elle a surclassé plusieurs équipes, qui joueur pour joueur, étaient meilleures que la formation l’ayant remporté en 1981. Le gardien de but Lars Eriksson et le défenseur Hakan Nordin, qui ont mené l’équipe cette année-là en Allemagne de l’Ouest, sont devenus de très bons joueurs professionnels, alors que les frères Sunstrom (Patrik et Peter) et Jan Erixon ont mené de très bonnes, sinon légendaires, carrières dans la LNH.

De 1992 à 1996, les Suédois ont découvert un filon de talents chez les M20, dont Peter Forsberg, Markus Naslund et Kenny Jonsson. Mais ils n’ont jamais réussi à faire mieux qu’une médaille d’argent sous la direction de leur entraîneur-chef de longue date Tommy Tomth. Assujettis à des systèmes défensifs programmés, les Suédois n’ont obtenu aucune médaille de 1997 à 2007.

Mais depuis ce temps, ils n’ont raté le podium qu’à une occasion. Ils ont remporté la médaille d’or en 2012 d’une façon on ne plus spectaculaire, surclassant les Russes aux tirs au but 58-17 à la finale disputée à Calgary et triomphant 1-0 avec le but de la victoire, l’unique du match, de Mika Zibanejad en prolongation.

Page principale